dimanche 9 mars 2008

L'ange bleu

Film réalisé par Joseph von Sternberg en 1930 dans les studios de la UFA, à Babelsberg en Allemagne, L'ange bleu est le premier film parlant allemand.

Les acteurs: Marlene Dietrich(Lola), Emil Jennigs(Proffesseur Rath)

L'histoire: Immanuel Rath est un sevère et obscur professeur que ses éleves appellent Unrat(ordure). Solitaire et taciture, il réprimande ses elèves parce qu'ils se rendent tous les soirs dans un celèbre cabaret pour voir jouer une aguicheuse vedette du nom de Lola. Il décide de les suivre pour les prendre sur le fait et leur faire la morale mais il tombera sous le charme de la vedette. Celle-ci sera au début séduite par l'éducation et les manières du professeur et ils se marieront. Très vite ennuyée par lui, elle commencera à le mépriser et le tromper.

Commence alors une longue descente aux enfers pour lui. Il perdra son emploi et se verra réduit à faire le clown dans des spectacles pathétiques. La vision d'un autre clown oublié, scrutant Lola derrière les rideaux et l'arrivé d'un nouveau soupirant marqueront le début de son auto destruction...

L'ange bleu est un film qui a plusieurs lectures, tout d'abord il m'avait fait penser à "La belle et la bête", sauf qu'ici la belle n'a rien d'une naïve et gentille jeune fille et la bête s'avère moins animale que ce l'on aurait pu craindre. Je dis que l'on aurait pu craindre car je m'attendais à ce que le professeur essaye de changer la vie de sa femme, je m'en doutais bien qu'il ne réussirait pas et je croyais que j'allais assister à la fin "classique": "tu es à moi et à personne d'autre, tu m'as trahi, je te tue". Bien sûr, c'était sans compter avec le character indomptable de Lola, sa certitude de n'appartenir à personne et sa détermination à mèner la vie comme elle l'entendait, sans s'encombrer des cadavres semés sur son sillage et je ne pouvais pas m'empêcher de sentir une certaine admiration melée d'un "je ne sais quoi"...peut-être lui en voulait je de ne pas avoir évité le gâchis car, bon sang! il était évidant que ce couple n'aurait jamais pu marcher... alors un doute m'assaillait: le savait elle? Y avait elle crû une seconde ou s'abreuvait elle froidement de ses victimes pour consolider sa personnalité? Ensuite, c'est la parade de la "mantis religieuse" ou veuve noire qui séduit le mâle pour le dévorer tout simplement parce que c'est dans sa nature, c'est son destin, c'est inscrit dans ses gènes. Puis, l'imposante carrure du professeur, mal servie par un physique ingrat et un characteur peu enclin à la rigolade et la fragilité apparante de la belle nous transportent au début à une toute autre histoire, avant que Lola se rebiffe et ne
commence à montrer son agacement, le couple semble interpréter un remake de "King Kong à la ville" tellement il est mal assorti. Et même si Unrat aura la même fin tragique, il n'aura pas droit au même regret de sa blonde. Enfin, il nous montre aussi que la vitesse à laquelle l'intélligence de l'homme s'efface est proportionnelle aux centimètres de chair dévoilée par la femme.

Le jeu de Jennigs, influencé par sa carrière dans le muet, donne un ton un peu lent aux débuts du film et le spectateur assiste à sa décheance avec un sentiment de peine devant l'inévitable mais l'implication émotionnelle n'est pas totallement réussie, peut-être à cause de la direction un peu froide qui se contente de nous montrer les évenements avec un enchainement un peu trop rapide, sans vraiment laisser que l'émotion monte. Le traitement de l'atmosphère teintée de luminosité, trâces évidentes de l'expressionisme allemand, est magistralement réussi par Sternberg qui signe ici son meilleur film.

Le film est tiré du roman "Proffesor Unrat" de Hienrich Mann, frère de Thomas Mann. Trente ans après Jack Cummings demandera à Edward Dimytrick de faire une nouvelle version. Le film sortira en 1959 avec le titre de "The blue angel" avec Curd Jurgens et May Butt dans les rôles principaux mais la fin sera changée en un "happy end" et sera un ratage total.

Dans les années 70 sortira un nouveau remake avec Ugo Tognazzi et Ornella Mutti. La fin sera la même que dans L'Ange Bleu de Sternberg mais, malgré tout le talent de Tognazzi, il n'est pas vraiment crédible dans ce rôle tragique et le film n'aura aucun succès.

Le film marquera le début du mythe Dietrich et la collaboration avec Sternberg dans six autres films où elle incarnera à nouveau la femme énigmatique et froide, dévoreuse d'hommes. Ici, elle n'a pas encore ce côté glamour mais elle magnetise les regards avec ses bas résille et ses froufrous, en chantonnant "Ich bin von kopf bis fuss auf liebe eingestellt"-de la tête aux pieds je suis faite pour l'amour-qu'elle reprendra plus tard en anglais sous le titre "Falling in love again".

*Un avis de Pucedefee.

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